Qu'est-ce que l’Érysipèle ?

Définition de l’érysipèle


Le terme érysipèle, également appelé érésipèle vient du grec ἐρυσίπελας, et qui signifie « peau rouge ». C’est une infection cutanée de la peau causée par une bactérie : le streptocoque. L’infection ressemble à une inflammation aiguë de la peau le plus souvent au niveau des membres inférieurs et elle s’accompagne d’une fièvre et fatigue importante. Traitée par antibiothérapie, l’infection n’apporte pas de complication.

C'est le chirurgien Allemand Friedrich Fehleisen qui est considéré comme ayant découvert l'érysipèle, en 1882. Cependant, en 1872, Gustave Nepveu, également chirurgien et professeur d'anatomie pathologique à l'École de médecine de Paris, avait déjà observé des bactéries dans le sang des malades.


Érysipèle de la jambe
Érysipèle de la jambe

Physiopathologie de l’érysipèle

Notre peau est composée de 3 couches superficielles qui portent les noms suivants : l’épiderme, le derme et l’hypoderme. L’épiderme étant la couche en contact direct avec le milieu extérieur. L’érysipèle est une inflammation du derme et de l’hypoderme sans nécrose (sans la mort des cellules). L’infection fait suite à une effraction cutanée qui laisse passer des bactéries de type streptocoque bêta-hémolytique, le plus souvent Streptococcus pyogenes (groupe A), et plus rarement, par ordre de fréquence décroissante, les streptocoques des groupes G, B ou C. Ce type de bactérie représente 80% des cas observés. Cependant, d'autres germes ont pu être retrouvés, tels que Staphylococcus aureus ou des bacilles gram négatifs comme des entérobactéries ou Pseudomonas aeruginosa sans que leur responsabilité soit prouvée.

Epidémiologie de l’érysipèle


L'érysipèle touche en moyenne 10 à 20 cas pour 100 000 habitants en France. Ce qui en fait une infection relativement rare. L’érysipèle atteint majoritairement les adultes de plus de 40 ans avec un pic de fréquence au dessus de 60 ans et dans 85 % des cas au niveau des membres inférieurs (5 à 10% des cas au niveau du visage). Les facteurs de risque locaux identifiés sont :

  • Lymphœdème
  • Obésité

A ces facteurs de risque, l’on peut ajouter les facteurs de gravité qui augmentent le risque et la gravité de l’infection : 

  • Age élevé accompagné d’hypertension artérielle et/ou diabète,
  • Insuffisance cardiaque ou rénale,
  • Ulcère de la jambe,
  • Artériopathie oblitérante des membres inférieurs,
  • Malnutrition, alcoolisme, drogue et immunodéficience.

L'érysipèle chez les enfants

Rarement, l'érysipèle peut toucher de jeunes enfants pour qui les rougeurs caractéristiques de l'infection sont moins prononcées. Par contre, la fièvre est un indicateur très révélateur, et elle peut être très élevée. Il est dont primordial de suivre l'évolution de la fièvre tant que le doute n'est pas levé. Pour les enfants qui ne tolèrent pas le thermomètre rectal, une bonne alternative consiste à mesure sa fièvre avec un thermomètre auriculaire. Ces thermomètres sont très fiables et fonctionnent comme un thermomètre infrarouge. Le thermomètre auriculaire peut également être utilisé par les adultes.

Diagnostic de l’érysipèle



A l’examen clinique, l’érysipèle du membre inférieur se caractérise par une grosse jambe rouge avec une fièvre supérieure à 40°C.

A la suite apparaît un placard inflammatoire cutané bien limité et d'extension progressive, avec œdème et douleur à la palpation. Une adénopathie satellite est fréquente, et une lymphangite est inconstante.

La fièvre est absente dans 30 % des cas. Un décollement cutané ou un purpura sont parfois présents. Lorsque l'érysipèle survient au niveau du visage, il existe un bourrelet périphérique, rarement retrouvé quand il est localisé aux membres inférieurs.

La « porte d'entrée » de l’infection est retrouvée dans 75% des cas, pouvant être un intertrigo interorteil, une excoriation liée à une dermatose (psoriasis, eczéma), un traumatisme, ou parfois iatrogène (plaie postopératoire).

En examen complémentaire, une prise de sang indiquera un syndrome inflammatoire avec une hyperleucocytose à polynucléaire neutrophile et une élévation de la CRP.

Evolution de l’infection


Sans aucun traitement, l'évolution peut être spontanément favorable, avec une phase fébrile et d'extension durant 1 ou 2 semaines, mais cela est assez rare. Le plus souvent, sans aucun traitement de l'érysipèle, il peut survenir un abcès cutané. La peau peut aussi s'infecter en profondeur et se nécroser et parfois infecter le sang avec une septicémie ou une atteinte rénale, avec un décès dans 15 à 40 % des cas.

L'évolution sous antibiothérapie est favorable en huit à dix jours dans plus de 80 % des cas. Pour les 20 % restant, le traitement de l'érysipèle par antibiotique prendra 10 à 20 jours. Le taux de mortalité est presque nul, les rares cas sont liés aux comorbidités.

Traitement de l’érysipèle


La pénicilline, découverte par Alexander Fleming, est l'antibiotique de référence d'après l'expérience clinique et des arguments bactériologiques. En hospitalisation, la pénicilline G est administrée en injection intraveineuse pour le traitement de l'érysipèle. En cas d'allergie aux bêta-lactamines, les macrolides peuvent être utilisés, voire la pristinamycine ou la clindamycine.

alexander fleming penicilline
Alexander Fleming


La fièvre est traitée par le paracétamol. Pour les patients qui souffrent de récidive à cette infection (érysipèle récidivant), une antibiothérapie préventive peut être proposée.